Tempus fugit
Il m’est arrivé tout récemment un truc inhabituel. On m’a expliqué (un peu maladroitement, mais là n’est pas le sujet) que j’avais passé l’âge pour prétendre participer à un projet[1].
Comme je ne suis pas – mais vraiment pas – persuadé d’être vieux[2], je m’étonne de la durable contrariété que ça me procure… Et puis ça me revient. Le problème n’est pas que j’aie l’âge que j’ai – qui m’importe relativement peu vue ma plutôt bonne santé. Le problème c’est la porte fermée. J’ai raté cette occasion, que j’aurais sûrement pu saisir si je m’en étais donné la peine il y a une dizaine d’années[3]. Le temps perdu ne se rattrape plus
.
Le point d’ancrage est là, dans ma vieille angoisse de n’arriver pas à faire de ma vie quelque chose de valable. Et que mes atermoiements incessants, ma sale manie de fixer des objectifs inatteignables pour mieux me décourager de tenter l’aventure, pourraient bien m’empêcher de faire de ma vie… quelque chose… dont je puisse être satisfait.
Une fois ceci établi, yapluka ! On se retrousse les manches, on admet que c’est en marchant et pas en contemplant la carte qu’on avance, et c’est parti mon kiki !
Voilà, voilà, voilà…
Bon, je vais chercher un sujet rigolo pour la prochaine note, je reviens…
Notes
[1] pas à tout projet quel qu’il soit, hein, juste un projet sur lequel j’ai rencontré les responsables, pour qu’ils me disent ensuite qu’ils ne m’auditionneraient pas
[2] j’en ai connu, des vieillards de vingt-huit ans, c’est épuisant !
[3] tout sarcasme sur le fait qu’il y a une dizaine d’années ce projet n’existait pas dans le cerveau de ses concepteurs, qui étaient encore au jardin d’enfants sera considéré comme irrecevable
le
dimanche
25 avril 2010, 16:41
Commentaires
Je vais te faire un aveu : je ne sais toujours pas si j’ai fait de ma vie quelque chose de valable. Et je me demande si la question est bien posée, du coup. Ça m’arrangerait vu mon hésitation à y répondre.
Il me semble que la vie est une succession d’étapes irrégulièrement espacées vers une direction improbable et/ou changeante. Se fixer un but me semble à la fois utile et dérisoire. J’en veux pour preuve certains évènements sur ma route, non prévus mais “orientant” (de parfois belle et toujours surprenante façon).
Des rencontres qui facilitent ou pas le cheminement, quelques actes qui éclairent un bout du chemin devant soi. En tout cas, j’essaye de collectionner les bons moments, courts forcément, légers car impromptus, futiles sûrement mais qui m’aident à supporter le reste.
Maintenant il est vrai que je peux contempler facilement la nature sans trop bouger, ne pas aller bosser puisqu’en pré-retraite, ne plus avoir à prouver une certaine (in)compétence, faire clic-clac avec mon enregistreur de photons, causer sur mon blog ou aller “foromer” avec des gens sympas.
Parfois c’est peut-être mieux d’avoir presque 59 ans…
À dire vrai, mirovinben, je ne suis pas loin de penser que je fais un peu fausse route dans la façon que j’ai de poser la question, qui s’appuie sur des trucs pas nets qui me traînent dans le cerveau.
En attendant je suis pris dedans, faute d’alternative… et on boucle au premier billet avec mes problématiques définitionnelles ^^
J’espère en tout cas que je n’atteindrai pas ma cinquante-neuvième année sans avoir apaisé des choses de ce côté, parce que sinon ça va être rien pénib’… (ah ben là, tiens, on revient au titre du second billet, ention et damnafer, ce blog est circulaire !)