Quelque chose à dire ?

Il m’arrive de me heurter à cette pénible réalité : mon activité créatrice n’est pas brillante. Je ne me sens pas particulièrement inactif, ceci dit, mais mon orgueil aime à me faire remarquer que, décidément, je ne fais pas le job[1].

De projets d’écriture que je ne parviens pas à sérieusement mettre en route[2] en chimères projetables [3], de fantasmes chansonniers en nullité graphique[4].

Alors quoi ?

La question est d’importance quand on se dit artiste – qu’on a la prétention d’apporter un regard sur le monde. Prétention qui ne fait pas bon ménage, chez les andouilles dans mon genre, avec la conscience aiguë que d’autres ont probablement déjà dit – ou ne sauraient tarder à le faire – ce que je pourrais dire. Et la vraie trouille : et si je n’avais vraiment rien à dire[5] ? Rien qui n’apporte autre chose que du bruit sur du bruit ambiant. Ce truc, pas bien glorieux, de se dire : si ça n’est pas unique, indépassable, immortel, à quoi bon ?

Le tout se nourrissant de ma flemme naturelle et de cette subtile lâcheté qui ne fait définitivement pas mon charme.

Ne pas se lancer par crainte de se planter c’est la certitude de se planter – mais, au moins, on l’aura fait exprès.

Il suffirait que je me rappelle où j’ai rangé la nécessité de produire et de créer. Si seulement je n’étais pas si bordélique…

Je vais bien, au demeurant, pour les choses importantes – ne vous inquiétez pas pour moi. Ce n’est que mon orgueil qui proteste. Il va falloir l’occuper un peu.

Notes

[1] j’ai l’orgueil pénible et harceleur, c’est ma croix

[2] et, par charité, nous ne dirons rien de mon (in)activité bloguesque – je dois être un de ces blogueur de Schrödinger

[3] j’ai fait des études de cinéma et, récemment, l’opportunité de me rééquiper d’une caméra vidéo s’est posée, jusqu’à qu’on me pose la question qui tchue : mais ce serait pour faire quoi, en fait ?

[4] domaine dans lequel je n’ai vraiment jamais envisagé de produire quoi que ce soit, étant donné ma manifeste inappétence

[5] il ne m’a pas échappé que la question n’avait pas de sens, notez bien, mais elle me pourrit un peu tout de même

Commentaires

1. Le jeudi 18 octobre 2012, 18:40 par Franck

Je connais un p’tit d’homme qui, si tu n’avais vraiment rien à dire, n’aurait pas repris à son compte à la sortie d’une de tes représentations : « Et à la fin de l’envoi, je touche ! », avec une banane jusqu’au oreilles.

Parle-nous de ce métier puisque c’est la dedans que tu te plais le mieux ! Parle-nous de l’envers du décor, de celui que nous ne faisons qu’entrevoir quand, discrètement, tu nous en glisses un mot ou deux.

À te lire et à t’entendre

2. Le jeudi 18 octobre 2012, 21:18 par Gilsoub

Hm, rigolo, si j’ose dire, ta prose, là, je pourrais en faire un copier coller pour en faire un billet sur mon blogue ! Billet signé de mon nom bien sur ;-)
Les projets d’écritures, de photos sont nombreux, tout autant que les ébauches…
qui sont toujours au stade d’ébauche, flemme ? peur? autre? je ne sais pas…
Mais le fait est…
Bref juste histoire de te dire que dans ce domaine, tu n’est pas le seul ;-)

3. Le jeudi 18 octobre 2012, 21:20 par Gilsoub

PS: pour tes chimères projetable, j’ai la caméra acheté pour les raison indiqué et… ben peu utilisé ! donc, si tu as besoin ;-)

4. Le vendredi 19 octobre 2012, 06:49 par mirovinben

Quand j’entends certains propos de romanciers ou de metteurs en scène qui disent avoir passé deux ans (voir plus) à aller jusqu’au bout de leur projet, quand certains paroliers disent passer du temps à ne rien faire d’autre que d’engranger des sensations, des images et des bouts de phrases, jusqu’au moment où tout se met en place, je me dis que tu es trop pressé…

5. Le vendredi 19 octobre 2012, 08:03 par xave

Ah ouais, moi aussi, un jour, j’ai réalisé que je ne serai ni Pink Floyd, ni brassens… Du coup j’ai décidé de m’arranger pour aimer être moi, avec toutes les limitations que ça comporte.

6. Le vendredi 19 octobre 2012, 08:31 par Vent du Nord

Je ne suis pas encore inquiet, Franck, de parvenir à parler et raconter des trucs, même si j’en ai souvent la cosse. Ce qui m’inquiète c’est plutôt d’avoir les moyens de mes ambitions. Écrire quelque chose qui soit susceptible d’intéresser du monde – à commencer par moi – par exemple…

Merci pour la proposition, Gilsoub, et content de t’avoir épargné l’effort d’écrire ce billet ^^

Pressé, je ne dirais peut-être pas, mirovinben, impatient serait plus juste. Mais surtout inquiet : suis-je capable de produire quelque chose (cf. au-dessus).

Mon souci à moi, xave, c’est peut-être que j’ai longtemps eu la prétention d’être Moi, et que je me demande chroniquement s’il y a du matos là-dedans. Quant à aimer être moi, là, il y a une marge de progression !

Merci à tous, c’est chouette de vous lire \o/

7. Le vendredi 19 octobre 2012, 08:54 par Eolienne Ninja

Han ! Comment tu fais des billets à des heures où qu’j’ai le dos tourné ou occupé à m’occuper de gens essentiels :)

Alors d’une, toutes mes confuses pour la question qui tchue. A dire vrai, c’était pas le but de mettre le doigt là-dessus…

De deux, on respire, monsieur l’orgueil de Vent du Nord. C’est pas faute de faire BEAUCOUP de choses ces derniers temps, de faire BEAUCOUP ton métier, de t’occuper BEAUCOUP de ton fiston, et puis de la “chouette blonde” (je te cite, hein) et de la petite brunette, et puis du truc à blouguer et de la soumission des plugins (j’adore ce côté SM des plugins soumis, by the way…).

Bref. Ca prend du temps, tout ça. Et de se faire à une nouvelle phase de vie aussi.

Et sans doute de tout ça, quand Monsieur Orgueil et Madame Impatience auront laissé les autres digérer, il viendra un nouvel influx créateur.

Mais rappelle-toi que ton regard sur le monde, il est aussi dans le fait de raconter des histoires, tu le fais souvent, et tu le fais bien.

8. Le mardi 23 octobre 2012, 10:34 par Vent du Nord

<mode=”chouineur”>Tout prend du temps ! </mode>

Et, oui, je ne suis pas inactif. Mais je suis inquiet. Je ne veux pas mourir sans que c’en ait valu la peine, que je sois là – ce genre d’andouilleries…

Et, raconter des histoires, bien sûr, mais c’est écrire sur du sable, un peu. Ça laisse tellement peu de traces.

Ça va se détendre, de toute façon. Le temps de fabriquer le temps nécessaire à quelque chose de neuf… Mais je trouve que mes dernières productions littéraires, notamment, commencent à dater un brin.

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