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Quand je serai grand

Quand je serai grand, j’aurai cessé depuis longtemps d’attendre que mon père me dise simplement de quelque chose que j’ai fait avec sincérité, et, donc, en y croyant un peu, que c’est bien.

Quand je serai grand, j’aurai depuis longtemps compris que mon père pense plus utile de me dire ce qui ne va pas / pourrait être mieux / invalide ce que j’essaie de faire que de me dire que ce que j’ai fait valait la peine d’être fait – et pas seulement pour moi.

Quand je serai grand, je saurai faire la part des choses, et que, comme mon père me le répète souvent « c’est à moi de savoir ce qui est bien dans ce que je fais ».

Il me tarde d’être grand. Je suis fatigué de me battre avec ça, là tout de suite…

6 réactions

  1. de brol - 23/04/2010, 14:30

    1

    Quand tu seras grand, peut-être aborderas-tu la situation d’un autre angle.
    Faire un compliment à quelqu’un, même à quelqu’un qu’on aime, demande beaucoup de renoncement à sa peur d’être ridicule, faible. La peur de se voir déchoir de ce foutu piédestal qui nous semble impératif de préserver.
    Et la peur me semble toujours plus forte que le désir de faire plaisir en reconnaissant la réussite d’autrui.

    C’est égoïste, hein ?

    Je suis nul en compliment. Non je ne suis pas ton père…

    Je ne sais pas en faire “naturellement” : soit j’en fais des tonnes, soit je relève les petites merdouilles éparses qui me semblent salir l’ensemble afin que le résultat soit absolument parfait.

    Le perfectionnisme s’accommode mal d’être moyennement sincère.

    Par exemple, j’aimerai me sentir totalement sincère en te disant que l’habillage ici est vraiment sympa, j’imagine que ça te ferait plaisir… Sauf que je trouve que la zone pour les commentaires pourrait prendre plus de place…

    Mais tu sais quoi ? T’es vraiment quelqu’un que j’aime beaucoup, même si j’ai quasi toujours l’impression que je viens vers toi juste pour quérir de l’aide. C’est plutôt puant de ne se ressentir qu’intéressé… Et encore plus nauséabond d’imaginer que tu puisses penser ça. Même si tu diras le contraire.

    Un jour, ça me reposerait bien d’être plus confiant en l’amour que les autres me portent, même sans me l’exprimer.

  2. de brol - 23/04/2010, 14:51

    2

    Petit complément :
    J’essaie de m’autojustifier en me disant que si je critique ainsi autrui, c’est que je lui porte un intérêt. Par la même, de l’appréciation positive. Mais l’autre n’a pas cette clé essentielle me concernant : tout ce qui ne m’intéresse pas, je ne m’y attarde pas une seconde, et même d’un certain point de vue, ça n’existe pas.

  3. de Vent du Nord - 23/04/2010, 15:19

    3

    Pour quelqu’un qui ne s’y entend pas à faire des compliments, tu t’en tires tout de même pas mal ;-)

    J’ai tenu compte de tes remarques, d’ailleurs, et le formulaire de commentaires est plus équilibré ainsi (y avait un padding induit par la Wikibarre que je n’avais pas vu venir).

    Le cœur du souci, de mon point de vue, est dans le besoin un peu désespéré de « validation » de sa part que je ressens. Si j’avais été assez fin pour ne pas bêtement vouloir faire le même métier que lui, si je n’étais pas aussi peu assuré de ma capacité générale à faire les choses « bien », je ne ressentirais bien sûr pas les choses de façon aussi mal équilibrée…

  4. de brol - 23/04/2010, 15:43

    4

    Je ne sais pas faire de compliment “naturellement”, sans que je ne ressente le besoin chez l’autre qu’ils soient exprimés.

    Reste le .jstHandle (background à 45% à passer à 50%), jamais compris pourquoi Pep avait réglé ce truc ainsi !

    Validation paternelle ? Est-il bon juge alors que, me semble-t-il, prime le contentement des inconnus ?
    Tu recherches une légitimité à avoir choisi le même métier que lui, son métier à lui ? Peut-être a-t-il la crainte que tu ne le dépossèdes de ce qui est peut-être son essence ?

  5. de mirovinben - 24/04/2010, 16:18

    5

    Ton billet a un drôle de goût pour moi alors que je suis en train de revoir mes rapports vis à vis de mon père, actuellement dans une sale passe.

    J’aurais tant aimé être encouragé, entendre un simple “c’est bien” quand j’étais petit. J’attends toujours d’ailleurs… sans trop espérer car je me suis outillé progressivement sans lui, en dehors de lui.

    Et voilà que je suis vieux.
    Et lui encore plus.

    Suis pas sûr que ce que je viens d’écrire apporte quelque chose à ton moulin.

  6. de Vent du Nord - 24/04/2010, 16:25

    6

    brol > Je recherche une légitimité « globale », je crois – et je pense que détailler ça méritera au moins un billet dédié. Et le problème, dans ce métier-là, c’est sa « compétence » à lui à juger de ce qui est « bien ».

    Si j’avais choisi un autre boulot, auquel il ne comprend rien (il y en a quelques-uns), je serai « à l’abri » de ce point de vue. Mais bien sûr il a fallu que je choisisse un métier qui repose sur une validation à conquérir constamment (les applaudissements du public) et sur lequel il a un regard un peu strictement critique… Et bien sûr, comme c’est artistique, ça ne va pas sans engagement personnel.

    mirovinben > ce que tu viens d’écrire apporte en premier lieu la preuve de ton attention à mon égard – et ce n’est pas rien.

    Je préciserai que mon père n’est pas strictement du genre « stéréotype taiseux-bougon »… je le soupçonne juste de me croire un peu plus solide que je ne suis.