Il m’arrive de me heurter à cette pénible réalité : mon activité créatrice n’est pas brillante. Je ne me sens pas particulièrement inactif, ceci dit, mais mon orgueil aime à me faire remarquer que, décidément, je ne fais pas le job[1].
De projets d’écriture que je ne parviens pas à sérieusement mettre en route[2] en chimères projetables [3], de fantasmes chansonniers en nullité graphique[4].
Alors quoi ?
La question est d’importance quand on se dit artiste – qu’on a la prétention d’apporter un regard sur le monde. Prétention qui ne fait pas bon ménage, chez les andouilles dans mon genre, avec la conscience aiguë que d’autres ont probablement déjà dit – ou ne sauraient tarder à le faire – ce que je pourrais dire. Et la vraie trouille : et si je n’avais vraiment rien à dire[5] ? Rien qui n’apporte autre chose que du bruit sur du bruit ambiant. Ce truc, pas bien glorieux, de se dire : si ça n’est pas unique, indépassable, immortel, à quoi bon ?
Le tout se nourrissant de ma flemme naturelle et de cette subtile lâcheté qui ne fait définitivement pas mon charme.
Ne pas se lancer par crainte de se planter c’est la certitude de se planter – mais, au moins, on l’aura fait exprès.
Il suffirait que je me rappelle où j’ai rangé la nécessité de produire et de créer. Si seulement je n’étais pas si bordélique…
Je vais bien, au demeurant, pour les choses importantes – ne vous inquiétez pas pour moi. Ce n’est que mon orgueil qui proteste. Il va falloir l’occuper un peu.
Notes
[1] j’ai l’orgueil pénible et harceleur, c’est ma croix
[2] et, par charité, nous ne dirons rien de mon (in)activité bloguesque – je dois être un de ces blogueur de Schrödinger
[3] j’ai fait des études de cinéma et, récemment, l’opportunité de me rééquiper d’une caméra vidéo s’est posée, jusqu’à qu’on me pose la question qui tchue : mais ce serait pour faire quoi, en fait ?
[4] domaine dans lequel je n’ai vraiment jamais envisagé de produire quoi que ce soit, étant donné ma manifeste inappétence
[5] il ne m’a pas échappé que la question n’avait pas de sens, notez bien, mais elle me pourrit un peu tout de même